Lola de Jacques Demy: l'amour rêvé

Lola est une jeune femme naïve, ingénue, mais sexy. Une image de la femme qui ferait bondir les féministes. Elle est évaporée, idiote, gentille, danseuse, tout ce qu’il faut pour satisfaire le fantasme de l’homme macho. Et en plus, elle attend sagement un homme qui l’a engrossée 7 ans plus tôt et qui est parti courir le monde pour faire fortune. Elle l’attend, et elle sait qu’il reviendra. Ou pas. Et dans Lola, il revient. Est-ce une vie rêvée, idéale que nous propose Demy ? La vie c’est comme le cinéma, non le cinéma ce n’est pas comme la vie se disputent 2 personnages lors d’un dialogue essentiel du film. C’est un rêve que l’on fait tous. Celui d’un premier amour plus fort que tout, idéalisé, qui reviendrait comme par magie, dans une belle voiture blanche avec plein d’argent, 7 ans après comme si rien ne s’était passé. Dans la vie, ça n’est pas comme ça.

Tout est too much : le ralenti sur le prélude de Bach dans le manège, le petit garçon sage, le trafic de diamants chez le coiffeur, les peintures de la vieille dame pour passer le temps. On passe le temps, on lit, on s’invite, on s’ennuie, on parle dans les bistrots. On rêve, plusieurs fois le personnage de Michel le dit, même son patron le lui dit : rêver, pourquoi pas…La mise en abîme avec le personnage de Cécile est poétique.

Il ne faut pas voir Lola au premier degré mais plutôt comme un rêve idéalisé, un fantasme où les hommes seraient virils et gentils, les femmes sensuelles et dociles. Lola et son homme, c’est ce rêve. Un rêve à faire. Ceux qui rêvent sont récompensés.