everything will be fine: écrire, un métier pas comme les autres

Publié le par gasparno.over-blog.com

 

Pourquoi ce film n’a pas marché ? il est délicat, beau, tendre et vrai. Il a tout ce que j’aime. Beau car Wim Wenders n’a rien perdu de son sens du cadre. Les paysages enneigés, la mise en scène, les décors sont toujours esthétiques, délicats, justes. La mise en scène est fluide, juste ce qu’il faut, lente, mais pas sirupeuse. Un dosage délicat.

C’est vrai. Un film sur la relation entre adultes et enfants s’il en est. La scène de l’accident est magnifique. Inattendue. Blanche immaculée évidemment, silencieuse, trompeuse grâce à la mise en scène. Depuis les choses de la vie, je n’avais pas vu une telle scène d’accident. Fugitive mais aux effets désastreux. Un ascenseur émotionnel. Le soleil fait ensuite place à l’hiver enneigé, les décors se dégagent de ce masque blanc. La nuit que passe Thomas (qui ne croit que ce qu’il voit !) chez la mère est pure. Le personnage de la mère est mis en valeur : amatrice de Faulkner, et de la Bible. Elle reste douce, compréhensive. Le sens du pardon est le cœur du film. Thomas ne comprend pas ce sens du pardon. Il le dit lui-même, il n’est pas très religieux. Et, pour une fois, c’est un film purement chrétien que nous concocte Wenders.

L’enfance. Il reste un enfant avec son père très cynique, et qui finalement pleure devant lui quand il s’affaiblit et veut revoir le fleuve une dernière fois. Il ne veut pas d’enfants avec Sarah, mais il en adopte une avec qui il se comporte en vrai père. Une qui l’aime au point de lui dire toute la vérité. Sa belle-fille. Il lui fait remarquer qu’on dit toujours « tu vois » mais lui, voit-il ce que cherche le jeune adolescent…Finalement, il s’est enrichi en écrivant et en sublimant le traumatisme qu’il a vécu. A-t-il surmonté son égoïsme ? Non, pas avant cette rencontre avec le garçon qu’il a sauvé, devenu adolescent à problèmes. La reconnaissance, l’acceptation, le pardon, l’amour sont les sentiments qui vont apaiser les 2 personnages. Thomas aussi, malgré sa richesse, sa réussite avait besoin de panser cette plaie béante que sa femme, Ann (encore une sainte mère bien choisie) a percé à jour. La maman incarnée par Charlotte Gainsbourg tourne la page en vendant la maison au fameux poêle où elle a brûlé le livre de Faulkner (sa petite cérémonie à elle).

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Ecrire pour sublimer sa vie. OK. Le talent ne sort que lorsque l’on souffre. Pas si sûr. Il a un prix, il est adulé parce qu’il évoque des traumatismes. Charlotte Gainsbourg, elle, dessine, elle a de plus en plus de mal à dessiner son fils. Elle dit qu’elle n’est pas artiste parce qu’elle ne fait que des commandes. Lui crée, invente, imagine et se sert de ses traumatismes, comme le petit garçon sur ses épaules du dessin d’enfant… il utilise cette misère, aussi parce qu’il n’a plus le choix après sa tentative de suicide. Il reste modeste ou joue les modestes. Il admet devant Sarah qu’il a été égoïste, mais il reste manipulateur. Un personnage complexe, bien tenu par James Franco. Rachel Mac Adams est aussi inspirée. Marie-Josée Croze a un rôle plus ingrat mais j’aime cette comédienne. Le personnage de Charlotte Gainsbourg est un magnifique personnage de fiction. Une sainte. Une héroïne ordinaire.

Faire pipi sur les lits. Pipi au lit, traumatisme de l’enfance. Signer des autographes, ça ne compte que quand on le demande. L’épisode de la fête foraine est inquiétant. Les mains qui tremblent. Le contrôle.

Ecrire ou pêcher. Ecrire, un métier comme un autre. L’éditeur.

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